K.E ( FARFADUS )

Les oreilles de Drago Malefoy broudonnaient dangeureusement. Les éclats de rire perçants et les gloussements continus lui tapaient sur le système d'une manière régulière. Autant dire qu'il risquait d'exploser d'un instant à l'autre. Attention; Serpentard en colère. Pire, Malefoy rageux. A cette heure-ci, la grande salle était remplie d'élève travaillant, des filles bavardes et d'autres niais s'amusant avec des échecs version sorciers. Assis à la table des Serpentards, Drago, Pansy et Milicent bavardaient tranquillement. Ou plutôt, Parkinson et Bulstrode bavardait. Le 5ème anne feuilletait vaguement la Gazette du Sorcier, l'air las. Jusqu'à cette instant, la journée avait été des plus banales. Après un cours de métamorphose laborieux, un cours de potion glorieux. Puis les habituels redressage d'idiots dans les couloirs, en enfin, un moment tranquille avec sa bande... Qui s'était retrouvé bien vite raccourci. En effet, le jeune homme avait fini par ressentir un mal de tête pesant, à force d'entendre des jacassements partout autour de lui. Les élèves de Poudlard ne cessait jamais un instant de faire du raffut. Quelque part, Drago compatissait aux malheurs de Rusard. Et bien entendu, il était satisfait qu'Ombrage intervienne. Une voix plus forte que les autres le tira de ses pensées.

" ... crois pas ! C'est pas possible ! "

Les rires s'arrêtèrent et une quantité inombrable de paire d'yeux se tournèrent vers la table de Gryffondor. Une jeune fille était debout, sa longue chevelure blonde se balançant au rythme de sa respiration sacadée. Elle tenait à la main une lettre légèrement froissée. Malefoy fixa la scène de ses yeux gris quelques instants, puis il lança de sa voix sifflante, de manière à ce que les Serpentards attablés l'entendent parler.

" Et un coeur brisé chez les Bouffondors... Potter est contagieux. "

De l'autre côté de la table, une verte et argent éclata d'un grand rire aigü à la plaisanterie de Drago. Ce dernier tourna son regard vers elle, surpris qu'une fille de sa maison rie si niaisement à une plaisanterie qui aurait mérité un peu plus de dignité. C'était une grande brune, plate et maigre, avec une bouche pulpeuse, plutôt séduistante. Ses yeux marrons étaient posé sur le blond avec voluptuité, d'une manière tout à fait hum... provocante. Drago haussa un sourcil en comprenant que cette pimbêche cherchait à le séduire. L'instant d'après, il avait détourné le regard et se plantait de toute sa carrure devant Pansy, tentant discrètement de lui cacher la scène. C'était trop tard. Les yeux perçant de sa petite amie fixait l'autre Serpentarde d'un air haineux. Il vit ses fines lèvres s'entrouvrirent et se leva en un éclair pour détourner son attention. Il n'était pas d'humeur à supporter que Pansy enguirlande l'une de ses admiratrices.

" Hum, je m'en vais. Milicent, Pansy, à plus tard. "

Et sans un regard pour la grande brune, il s'en alla. Les couloirs étaient bondé et son mal de tête n'en finissait pas. Fatigué, il prit la direction de sa salle commune en évitant soigneusement de passer par les endroits trop fréquentés. Sa marche forcée le mena bien vite au cachots, devant lequel il passa en hâte. Cependant, à quelques mètres de l'entrée, un bruit parvint à ses oreilles, sonnant comme une cloche dans ce silence apaisant.

"... Bon, maintenant, il faut qu’on retourne à notre poste parce que cette sale Moldue mijote quelque chose et il faut qu’on la chope. "

L'adolescent s'arrêta brusquement. Une moldue ? Cette voix ne lui était pas inconnue, bien qu'il ne puisse y mettre un nom. C'était un Serpentard, à coup sûr. L'instant d'après, il avait fait demi tour. La porte était légèrement entrouverte et il pouvait aperçevoir une jeune fille de dos. Ses cheveux roux lui rappelaient quelqu'un. Mais qui ? Décidement, il n'était pas physionomiste. Elle jeta un sortilèges aux deux autres, mouvement qui interloqua Malefoy. Ce n'était pas très naturel entre Serpentards. Le temps qu'il se demande ce qu'il se passait, elle avait balancé les deux autres dans le couloir d'en face. Puis, faisant volte face rapidement, elle s'approcha de la porte vers laquelle se tenait le Sang Pur. Il se recula de quelques pas, de manière à ne pas se reçevoir le battant en pleine tronche. Il ne cherchait nullement à ne pas être vu, ce n'était pas dans ses habitudes.

« Malefoy. J’aurais peut-être dû m’assurer qu’il n’y avait pas de témoins. »

Malgré son mal de tête, l'incompréhension face à cette récente scène et à sa mauvaise humeur, un sourire se dessina sur son visage. December Coates, la meilleure amie de Romy McLean, et par conséquent, bien placée dans son estime. Il la jaugea un instant de son regard gris clair, puis, d'une voix narquoise, lui dit.

" Il faut toujours s'en assurer, Coates. "

Rictus moqueur. Pas bien méchant, juste un tant soi peu titilleur.

P'têt bien que c'était une mauvaise habitude, mais elle en avait besoin. Elle était accro, sûr et certain. Et puis chaque fois qu'elle le faisait, elle se sentait mieux. Parce que ça lui rapellait des souvenirs ? Sans doute. Ses deux doigts se refermèrent sur le petit tube blanc et orange, et ses lèvres s'en saisirent dans un rictus de soulagement. Avant même qu'elle n'ait allumé sa clope, elle se sentait mieux. Ça démontrait à quelle point la dépendance n'était qu'en partie due à la nicotine. La plus part des fumeurs ne continue de le faire que pour s'accrocher à quelque chose de quotidien. Lenila faisait partit d'eux.
Sa main se glissa dans son sac avec précipitation, et elle en sortit, non pas un briquet, mais sa baguette. C'était peut-être étrange comme manière d'allumer, mais elle n'était que peu séduite par ce petit machin qui faisait du feu, et qui était de fabrication moldue. En bref, elle préfèrait rester enfoncée dans la magie jusqu'au bout. D'un habile mouvement du poignet, elle enflamma la pointe qui rougeoya. L'instant d'après, sa baguette était à nouveau dans son sac et elle tirait une bouffée de fumée en fermant les deux yeux. Autour d'elle il n'y avait rien d'autres que du vert. Des plantes. Ça puait la verdure, la nature, le calme. Et elle aimait ça. Elle aimait entendre respirer les petis arbres trafiquoté par Chourave, sentir l'odeur forte de la terre encore humide et surtout... rester seule, à attendre quelqu'un. À l'attendre, elle. Parce qu'au fond, il n'y avait que sa présence qui pouvait réellement l'apaiser. Les clopes, c'étaient qu'une couverture, un vague masque qui réussissaient vaguement à tranquiliser son manque. Et puis, sans elle, jamais elle n'aurait fumé. Alors respirer cette odeur de tabac dans l'air, ça lui rapellait Lilian. Ses yeux bleus s'ouvrirent à nouveau pour découvrir la serre complétement vide qui s'offrait à elle. Un coup d'oeil dehors lui apprit qu'il devait être aux alentours de 19h30. Elle ne tarderait sûrement pas à arriver, vu qu'elle lui avait donné rendez-vous à 19h20. Une nouvelle bouffée de fumée, tout en fixant la porte d'entrée. Depuis là où elle était, assise sur le petit muret, on pouvait observer l'ensemble du parc, et une bonne partie de la serre. Il suffisait juste de se pencher et de regarder entre les deux buissons. Lenila porta sa cigarette à sa bouche, décrochant enfin son regard de la porte. Lilian se faisait attendre, c'était insupportable. Elles ne s'étaient pas vues depuis le cours de.. métamorphose, qui s'était terminé à 15h00 ! Passer autant de temps sans sentir sa présence à côté de la sienne était intolérable. La jeune fille glissa consciensieusement une mèche derrière son oreille, ses pieds se balançant le long du petit muret. Qu'avait-elle donc encore fait pour être en retard ? Une retenue ? Sincèrement, ça ne l'aurait pas étonnée. Lilian avait le chic pour se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment, pour faire les mauvaises choses, avec les mauvaises personnes. Mais après tout, c'était ainsi qu'elle l'aimait. Et pour l'aimer, alors ça! , elle l'aimait. Agaçée d'attendre, elle écrasa sa cigarette contre le muret et la jeta par terre, négligente. Puis, dans un bruit sourd, elle fit tomber son sac au sol et défroissa son t-shirt... vert, bien entendu. L'uniforme ? Laissez tomber. Rien ne comptait plus pour elle - except Lilian - que son apparence. Elle aurait été prête à se faire coller pour pouvoir s'habiller comme elle le voulait. Mais bien entendu, il y avait ses parents et.. sa soeur.
Elle pencha la tête en avant, ses cheveux noirs d'encre tombant devant son regard comme un rideau. Au loin, on entendait des pas précipité...