Rattrapage de nuit

(Ah, j'ai enfin réussi à finir ce sujet pourtant pas si long! Après avoir failli le perdre... Ouvert à qui veut! ^_^)

Ce n'était pas ses premiers pas à Poudlard. Il y avait eu la répartition, où il se sentait de plus en plus étranger au milieu des élèves de Première année, tellement petits, des enfants. Emu et troublé à la fois, grave ces instants en toi Gabriel, garde les au plus profond de ta mémoire car quoiqu'il puisse arriver, lorsque tu connaîtra ces gens et que cet endroit te sera devenu familier, tu auras été pendant ce temps si bref un inconnu émerveillé. Ces moments où tu découvrais tout, ces moments où tu étais seul. Car, à défaut d'avoir vraiment parlé à qui que ce soit à sa table, intimidés qu'ils étaient un peu tous par leur nouvelle maison, il ne connaissait personne ici et, en ce lendemain de rentrée - il s'était effondré la veille dans son lit, épuisé, sans échanger beaucoup de paroles avec ses camarades de chambrée - il avait décidé de visiter un peu le château.

Mais, comme on le sait, Poudlard est traître et Gabriel pas plus doué que ça en orientation. Tommy-le-chat solidement accroché à son épaule - pour une fois qu'il ne se perdait pas en entraînant son maître dans sa course - il mit une heure pour rejoindre le Hall sans avoir vraiment pris les repères escompés. Bref, il était 11h et notre petit français commençait à fatiguer un peu - il n'était pas terriblement endurant, comme garçon. Il se laissa tomber sur la première marche du grand escalier et sentit les griffes de son chat se crisper sur son épaule. Une fois assis, le félin dégringola dignement et vint se frotter contre le veston un peu chic mais couvert de badges que Gabriel portait sur son uniforme - il se demandait vaguement si c'était "légal" mais il s'en moquait un peu.

"Tommy, tu mets des poils sur ma veste bleue" remarqua-t-il sans acrimonie. S'il devait empêcher son chat de le couvrir de poils et de l'embêter sans arrêt, il n'était pas arrivé.

Il se leva, fit quelques pas, chancela.

*Je dois avoir besoin de sommeil.*

Il n'avait pas dormi de la nuit, tant il était excité et angoissé à l'idée de se trouver ici. Durant des heures, il avait poursuivi Morphée et contemplé le visage de ses camarades en paix, dans le calme le plus total. The most peaceful instant of my life avait-il noté dans son carnet. Il espérait que l'anglais ne lui poserait pas de problème, il le parlait presque couramment mais de là à vivre et à suivre les cours en cette langue... Il se demanda s'il allait oublier le français, à force, et se réprimanda pour cette question stupide.

*Voilà le genre de pensées inutiles que l'on a lorsqu'on a pas dormi.*

Il vacillait un peu, la tête lui tournait. Il se rassit sur l'escalier, appuya son dos sur la rampe. Ce n'était pas confortable, constata-t-il sans changer de position. Il était engourdi, trop fatigué pour bouger, trop fatigué pour faire quoi que ce soit, quoi que ce soit d'autre que de fermer les paupières... Le chat vint se replacer sur ses genous, se frotta contre son ventre, en ronronnant. Gabriel sourit d'un air bête. La rampe lui rentrait dans le dos. Il était bien. Bouger? oh, inutile... Tommy se blottit contre lui et il tomba dans le sommeil. Trois minutes : passé ce délai, des bruits de pas le réveillèrent en sursaut. Il ouvrit les yeux, rassembla assez d'énergie pour se les frotter.

*Où suis-je?*

Il avait vaguement l'impression de venir de passer une nuit de sommeil, qui fatigue encore plus que de rester éveillé. Il agita un peu la tête et se composa une mine potable : la personne dont il avait entendu les pas venait vers lui.

"Bonj... Hello" dit-il avec un accent français abominable.

Onze heure. A-t-on jamais imaginé heure plus idiote ? Onze heure. Comme cela sonne mal, onze heure. L'anglais était décidément une langue terrible. Onze heure. Lizzie n'avait pas cours, pas encore du moins. Cet après-midi peut-être, si on pensait à lui remettre son emploi du temps... Comment bien commencer l'année.
Lizzie s'était levée tôt ce matin-là, très tôt. De toute façon, elle n'avait pas besoin de beaucoup de sommeil, et rares étaient ceux qui avaient eu l'immense surprise de la voir bâiller, ou même simplement tenter de dissimuler d'hypothétiques cernes. La jeune fille, donc, était allée faire un tour dans le Parc du château : à onze heure, si idiote cette horaire soit-elle, il n'y avait rien de plus agréable que d'aller marcher, pieds nus, dans l'herbe fraîche des jardins déserts. En revenant, elle avait rechaussé ses ballerines noires (Ces ballerines-là étaient semblables à celles des danseuses, et non à ces immondes souliers à talons et bouts pointus ! Ses chaussures de prédilection étaient devenues un phénomène de mode. Quelle terrible erreur.) et était rentrée dans le Hall, sentant à travers la fine semelle la dureté du sol.
S'arrêtant au milieu du Hall, la belle s'arrêta net, et fit ployer son cou pour renverser la tête en arrière. Les yeux clos, ses longs cils bruns protégeant ses prunelles pâle d'un excédant de lumière, elle resta là quelques secondes, à peine frôlée par les élèves qui passaient autour d'elle en prenant grand soin de l'éviter. A croire que la danseuse avait la peste. Non, c'était peut-être juste que cette silhouette svelte et gracieuse était ce qu'elle était : Lizzie Moonrise, irradiant une aura glaciale comme une pluie aux gouttelettes gelées. Ecartant une mèche de ses lourds cheveux couleur d'ébène, la jeune fille distinga un corps affalé sur les Grands Escaliers. Un corps aux cheveux bleus - ou alors était-ce un effet d'optique, ce dont la jeune fille doutait assurément. N'était-ce pas ce Français, ce nouveau à Poudlard qui avait été réparti à Farfadus la veille ?
Lizzie reprit sa marche de son pas dansant, et s'approcha. L'inconnu semblait dormir, il faut dire qu'il avait l'air vraiment crevé.
Lizzie esquissa un sourire, se retenant de passer la main dans ces cheveux couleur d'azur. Ces mèches-là étaient vraiment superbes, et l'adolescente étouffa un petit rire en imaginant la tête que pourrait bien faire ce jeune homme, nouveau qui plus est, si une parfaite inconnue venait à lui ébouriffer les cheveux comme ça, pour le plaisir.
A ce moment, le garçon ouvrit les yeux et leva la tête vers elle. Il lui adressa la parole d'une voix endormie - il lui parla en français.

"Bonj... Hello"

Du français ? Les yeux de Lizzie s'écarquillèrent de ravissement. Lui décernant un grand sourire, elle répondit dans la même langue, volubile, avec peut-être un accent anglais, mais vraiment minime si tel était le cas :

"Bonjour ! Ah, je suis vraiment contente de voir quelqu'un qui parle français ici... C'est super de rencontrer quelqu'un qui vient de là-bas. Alors, tu t'appelles comment ?"

Ses "ou" n'étaient pas vraiment bien prononcés, mais peu importait : elle parlait enfin français à Poudlard. Les élèves qui dépassaient les deux Farfadusiens les regardaient d'un oeil étonné, puis passaient leur chemin : c'était tout ce qu'on leur demandait. Puis Lizzie aperçut dans la foule un autre garçon de Farfadus, en Sixième Année lui aussi d'après ce qu'elle savait. Elle le connaissait un peu : avant, ils étaient tous deux à Serdaigle. Mettant de côté ses idéaux silencieux, elle éleva légèrement la voix pour interpeller leur condisciple qui venait de les dépasser sans les voir, accompagnant l'appel d'un léger geste de la main :

"Salut Sanji !"

Cette fois, bien sûr, elle avait parlé en anglais. Etonnant, comme un mot prononcé en français pouvait changer le regard de cette danseuse. A cet instant précis, ses prunelles d'un bleu virant sur le mauve étincelaient de plaisir.

Il est précisément 11 heures, heure où habituellement presque tout les élèves veulent manger.

Certains se questionneront sur le fait que pourquoi moi, un élève qui est souvent cité comme modèle du bon-savoir vivre à Hogwarts n'est aps encore à la table des Farfadusiens comme tout le monde. C'est tout simplement car je m'exerçe, mais m'exerçer pour quoi?

En fait je m'exerçe pour être préfet éventuellement, celà fait des années et des années que je songe envoyer ma postulation de préfet mais c'est finalement cette année que j'ai pris mon courage à deux mains et que j'ai postulé pour en être un.

Mais en quoi consiste vraiment mon entrainement de préfet?

Comme Poudlard est une école vaste et très peu facile à s'y retrouver, habituellement les premiers jours d'école il y a toujours quelques élèves perdus qui n'attendent que de l'aide "d'anciens" de l'école, mais qui n'ose pas en demander pour ne pas paraître ridicule.

Ils préfèrent encore plus passer la soirée dans des escaliers à chercher leurs dortoirs dans chaque petits recoins de l'école que de perdre la face devant un élève un peu plus âgé.

Et Sanji dans tout ça?

Il se charge simplement de leurs faire un joli petit sourire sincère et de leurs proposer son aide gentillement pour que ceux-ci ne se sentent pas offusquer.

Mais cette année, rare furent ceux qui n'avaient pas le sens de l'orientation, et à onze heure pile, les couloirs étaient déserts.

Donc, lorsqu'il s'apprêta à retourner dans le dortoir des farfadusiens avec une petite foule d'élèves de quatrième ou de cinquième année qui sortaient de je ne sais où, il entendit une voix familière qui l'appella.

«Salut Sanji !»

C'était Lizzie, une ancienne élève de serdaigle qui avait elle aussi été transférée à Farfadus, Il fut légèrement heureux d'avoir une chance de discuter un peu avec quelqu'un de familier depuis son arrivée à Poudlard.

Il ne put s'empêcher de lui répondre en lui adressant un des ses plus jolis sourires.

«Salut Lizzie,comme tu as embellie depuis la dernière fois! »

Puis en tournant la tête, Sanji aperçut que Lizzie n'était pas seul, mais bel et bien accompagné d'un nouvel élève qui avait été préalablement réparti à Farfadus tout comme les deux camarades.

C'était l'occasion rêver de faire sa connaissance.

«Je me prénomme Kashikoi, Sanji de mon prénom. Et toi, comment t'appelles-tu? »

Lui adressa-t-il de sa petite voix accueillante et chaleureuse en direction du petit nouveau. Qui n'est en fait, pas si petit que ça.